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Mignon, allons voir si la rose…

Mignon, allons voir si la rose…

Mignon, allons voir si la rose…

J’étais en chemin pour une partie de ménage, quand le poids du cartable de mon fils, chargé de tout ce que contenait son casier, m’interpella. Je l’ouvris, et parmi tous ces livres, cahiers, trousses, porte-documents, billes, origamis froissés, dessins délaissés, je découvris un petit recueil : Les amours de Pierre de Ronsard.
Quelle étonnante lecture de vacances pour un petit garçon de 7 ans et demi, à l’époque !


Cet auteur, dont je ne saurais guère citer que quelques vers de Mignonne, allons voir si la rose ou Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle… est pourtant – tout comme Balzac, et Rabelais dont le françois estoye bien différent de notre français moderne – un auteur bien de chez moi, lui aussi.
Quelques jours avant, j’avais tenté d’expliquer à Léo les enjeux de la réforme de l’orthographe que l’on voulait nous imposer, en lui disant notamment que ce n’était pas tirer notre système éducatif vers le haut que d’appauvrir notre langue – aux formes si exceptionnelles – en la dépouillant de ses subtilités.
« Touche pas à mon accent circonflexe » écrivait Gabriel Matzneff dans un article du journal – certes très conservateur – Le Point. « Et encore moins à mes oignons ! » rajouterai-je… Sacrilège !
Alors quand je tombai sur ce poème en version originale, et que je redécouvris la plume du Prince des poètes, je réalisai que ma morale pouvait sembler bien rétrograde.


En effet, force est de constater que notre langue a sacrément évolué depuis lors. Et l’orthographe de tous ces mots a pris un sérieux coup dans l’aile, en quelques siècles. Alors bon… Notre accent circonflexe, après tout, y’a pas de quoi en faire un « nénufar » !

Néanmoins, trouver Ronsard dans le cartable de mon fils ne me laissa pas indifférente. On ne peut pas dire que ce soit banal. C’est même plutôt divin !
Quelques jours avant les vacances de février, à la sortie de l’école, tandis que je lui demandai comment s’était passée sa journée, il m’asséna que de toute façon, tout ce qui l’intéressait c’était avoir une amoureuse. Peut-être imaginait-t-il trouver quelques conseils de séduction auprès de Maître Ronsard ?
Mais que penseraient Giulia, Colette ou Francesca si Léo venait à déclamer ainsi quelques-uns de ces vers dans la cour de récréation ou sur un banc du Parc Jourdan ?
« Euh… Ben… Il n’aurait pas un p’tit problème, ce garçon ? »
Si les filles s’entichaient des romantiques, ça se saurait ! Elles s’éprennent bien plus facilement de « bad boys »… Maman en sait quelque chose ! Alors, elle va devoir aguerrir un peu son petit garçon, sinon son petit cœur sensible risque de lui jouer de vilains tours…

Le prieuré de Saint-Cosme, La riche, Touraine. Dernière demeure de Pierre de Ronsard.


Depuis, le temps a passé, et en mettant de l’ordre dans mes écrits, je suis retombée, ce matin, sur ce petit billet daté de 2016. La tentation était trop belle pour ne pas le publier. Et, ce soir, avant de coucher mon grand garçon -déjà beaucoup moins empreint de sensiblerie – peut-être lui dirai-je : « Mignon, allons voir si la rose, au Prieuré de Saint-Cosme, déclot toujours sa robe pourpre au soleil… »

https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/pierre_de_ronsard/mignonne_allons_voir_si_la_rose

https://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/pierre_de_ronsard/quand_vous_serez_bien_vieille_au_soir_a_la_chandelle

Agathe Turquois
Fév 2016/ 5 février 2020

 

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