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Femme, femme, femme…

Femme, femme, femme…

Femme, femme, femme…

Aux lendemains de la Saint-Valentin, la Journée Mondiale des droits de la Femme se profile. Une date dédiée à la femme dans toute sa splendeur : celle qui s’accomplit, et qui, selon les principes de Goethe concernant l’éternel féminin, «toujours plus haut nous attire ».

S’il n’est pas un jour sans que la femme ne doive être vénérée, le 8 mars les consacre toutes : la mère, l’épouse, la sœur, la femme d’affaire, l’infirmière humanitaire… Etre femme, c’est être tellement de choses à la fois… Comme le disait Simone de Beauvoir dans son ouvrage Le deuxième sexe, qui en fit crier plus d’un au scandale : «On ne naît pas femme, on le devient!»

Mars et Vénus, une bataille amoureuse

Depuis la petite enfance, où dans la cour de récréation les bambins découvrent leurs dissemblances, jusqu’à l’âge adulte, en passant par l’adolescence et la puberté – cet âge où nos corps se transforment pour faire de nous deux êtres distincts : une femme sensuelle aux formes arrondies et un homme viril au corps puissant – tout au long de leur vie, les deux genres humains apprennent à s’apprivoiser.

Homme/Femme, il n’y a pas de mode d’emploi. Parce que nous ne sommes pas faits dans le même moule, nous avons d’énormes difficultés à nous comprendre, passant de petits malentendus à de terribles déchirements. D’après John Gray, les hommes viendraient de Mars, et les femmes de Vénus… Le dieu de la guerre et la déesse de l’amour. L’un apprend à combattre et l’autre à chérir.
Dans le monde entier, depuis la nuit des temps, les femmes ont toujours cherché à s’émanciper, s’élevant contre la profonde injustice dont elles ont longtemps été victimes. En France, dès le XVème siècle, les plus instruites prendront la plume pour dénoncer la domination de l’homme et s’y opposer. En 1791, après la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, les femmes revendiquent, à leur tour, les mêmes droits que les hommes, tandis qu’à partir de la seconde moitié du XIXème siècle s’instaurera un mouvement féministe très actif, qui aboutira en 1944 au droit de vote des femmes et en 2000 à la parité politique.
Parce que l’on ne peut espérer le progrès d’une nation, si plus de la moitié des êtres qui la composent voient leurs droits bafoués, au Maroc aussi, la condition féminine s’est très nettement améliorée. Lors de l’élaboration de la dernière Moudawana, le Roi Mohammed VI rappelait que ce code de la famille « ne devrait pas être considéré comme une loi édictée à l’intention exclusive de la femme, mais plutôt comme un dispositif destiné à toute la famille, dans le souci de lever l’iniquité qui pèse sur les femmes, de protéger les droits des enfants, et de préserver la dignité de l’homme ».
Car une vision plus féminine du monde ne doit pas se baser sur une concurrence entre les deux sexes. Il est loin le mythe des amazones, cette communauté grecque de femmes « mangeuses d’hommes » : la femme doit se sentir exister, sans que l’homme ne se sente jamais dévalué, complémentaires l’un de l’autre, comme deux pièces de puzzle qui s’imbriquent parfaitement.

Une “miss terre” toute en mystère

Après des siècles d’incompréhension et de combats, les femmes obtiennent donc une pseudo égalité face au « sexe fort », pour finalement découvrir qu’il n’est pas si aisé d’assumer, en même temps, une condition d’individu autonome et un destin de femme. A préférer être l’égale de l’homme plutôt que légale d’un mari, certaines, trop féministes, un peu « garçonnes », en oublient leur féminité.
Car, une lady se doit d’être toujours élégante et gracieuse. Cultivant son mystère, elle doit être la plus belle miss de la terre. Femme d’intérieur modèle, elle sait tenir la maison, mettre les petits plats dans les grands, et concocter de savoureuses recettes ancestrales. Parfaite sous toutes les coutures, elle a le goût des bonnes tables et une ligne irréprochable. Femme d’exception, elle a lu le dernier Goncourt et fréquente les meilleurs instituts. Disponible, attentive à son homme, elle garde les oreilles grandes ouvertes et les mains baladeuses. Parfois un peu sophistiquée, mais pas trop… Sexy aussi, sans jamais être vulgaire, elle doit être sensuelle, tout en gardant de la retenue. Toujours démonstrative et prête pour un programme surprise sens dessus dessous, et sans dessous dessus, elle applique à la lettre les conseils de Victoria Abril qui dit que « les bons amants, ce sont les femmes qui les construisent. Les hommes, il faut tout leur apprendre et surtout leur laisser croire le contraire. »

De l’amour à la vie…

Mais, le jour de la Saint-Valentin, les amoureux se font rares… Est-ce parce qu’ils se cachent pour vivre heureux, ou est-ce parce qu’ils sont moins nombreux ? En effet, si certaines conjuguent merveilleusement bien leurs vies professionnelles et affectives, d’autres trop indépendantes, se perdent dans des projets de carrière, cavalant par monts et par vaux en oubliant que l’on ne vit qu’une fois. De plus, il semblerait depuis quelques années, que les femmes aux épaules solides fassent un peu peur aux hommes, et qu’elles aient bien du mal à trouver chaussure à leur pied. Serait-il devenu trop fort, brisant ces fragiles escarpins de verre qui ne résistent pas longtemps aux imperfections de nos chaussées et aux embûches de nos chemins sinueux. Voyant leurs carrosses se transformer en citrouilles, mal-à-l’aise dans leurs baskets, elles courent les routes de l’aventure dans le seul but inavoué de rencontrer l’âme sœur.
Alors, célibataires, puisque le printemps arrive, il faudra déployer l’artillerie de ménage et balayer devant vos portes pour que, bientôt peut-être, l’amour entre sans frapper, et que votre petit cœur vibre comme il ne l’a plus fait depuis longtemps.
Car s’il n’est rien de plus épanouissant que de goûter le fruit défendu, que d’apprendre toujours, que de multiplier nos expériences et d’accroître nos connaissances, qui a-t-il de plus exaltant que l’amour ? Ces envolées célestes incontrôlables qui nous ramènent sans cesse, de façon obsessionnelle, à celui que l’on passe désormais le plus clair de notre temps à attendre, à observer, à cajoler, à choyer, à aimer…
Qui a-t-il de plus merveilleux que toutes ces pièces de puzzle qui fabriquent des histoires à n’en plus dormir, dont naissent des enfants puis des petits enfants ? Car la femme c’est aussi et surtout celle qui porte la vie. Alors, même si parfois l’histoire est éphémère, tourne court, et laisse un goût amer, que serait donc Juliette sans Roméo ?

Article publié en mars 2006 dans le magazine Parade, Maroc.
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